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Témoignage de Noelly, élève sourde de 7 ans

Témoignage à lire dans le journal Libération :

Noelly, élève sourde de 7 ans : «Avec le masque, je ne comprends pas tout ce que mes copines disent»

Par Elsa Maudet — 3 décembre 2020 à 16:01

Photo Emmanuel Pierrot pour Libération

Chaque semaine, un acteur de cette année scolaire 2020-2021 sous le signe du Covid-19 raconte ce qui se passe derrière les murs des écoles.

Aujourd’hui, Noelly, qui essaye de s’adapter au port du masque imposé à l’école. Noelly, élève sourde de 7 ans : «Avec le masque, je ne comprends pas tout ce que mes copines disent»

De l’école à la fac, l’épidémie de coronavirus secoue comme un cocotier. Dans cette chronique, Libé recueille des bouts de vie de l’intérieur, derrière les murs des écoles. Des paroles de profs, d’élèves, d’infirmière scolaire, de parents… Qui, au fil des semaines, vont dépeindre par petites touches cette année 2020-2021, forcément à part

.Aujourd’hui, Noelly, 7 ans, élève sourde de Montrouge (Hauts-de-Seine). Elle porte des implants cochléaires, qui lui permettent d’entendre, mais a besoin de s’appuyer sur la lecture labiale pour tout saisir.

«Quand j’ai appris que les enfants aussi devaient porter le masque à l’école, j’ai pleuré, deux fois. J’étais triste que mes copains et mes copines le portent parce que je suis sourde, j’ai besoin de lire sur les lèvres, et j’avais peur de ne pas les comprendre. Ma directrice, elle est gentille parce qu’elle veut bien que je dise aux élèves d’enlever le masque pour qu’ils me parlent. Ma maîtresse, elle ne l’enlève pas parce qu’elle a un masque transparent. Des fois, il y a de la buée. Je n’ose pas trop lui dire, alors je rate quelques informations.«Avec mes copines Eloïse, Célia, Maria, Emma et Nina, il y a des jeux qu’on faisait avant et qu’on ne peut plus faire [à cause du protocole sanitaire, ndlr]. Des fois, on se donnait la main et on se tirait. Mais on s’en fiche un peu, alors on fait quand même le train tchou tchou : on s’empile tous sur les épaules et après on court, on saute. On fait n’importe quoi, on danse n’importe comment.

«Dans la cour, mes copines gardent le masque et je ne comprends pas tout ce qu’elles disent. Ce n’est pas grave parce que je peux quand même les imiter, par exemple quand elles jouent à colin-maillard ou à chat. Des fois, sans que je demande, elles l’enlèvent. Mais le matin, quand j’arrive à l’école, parfois elles me parlent et elles oublient de le baisser. Je ne leur dis rien.

«A la fin de la journée, je suis plus fatiguée qu’avant. Je porte le masque, mes copines portent le masque, les animateurs aussi, alors ça me fatigue. Quand papa vient me chercher, je suis toujours épuisée et j’aimerais que ça s’arrête.»

Elsa Maudet