Thèse “Lire et apprendre au collège : évaluation d’un dispositif de remédiation des difficultés de lecture en 6e”
Publié le : 30 juin 2025
Catégorie :


Lire et apprendre au collège : évaluation d’un dispositif de remédiation des difficultés de lecture en 6e, thèse de Marina TUAL, 2021
Pourquoi lire cette thèse ?
Difficultés de lecture, troubles de la compréhension, manque d’autonomie face aux textes scolaires… Ces défis sont fréquents chez les élèves sourds, notamment à l’entrée au collège. La thèse « Lire et apprendre au collège : évaluation d’un dispositif de remédiation des difficultés de lecture en 6e » de Marina TUAL (2021) propose une analyse fine des leviers possibles pour soutenir les élèves face à ces difficultés.
Bien qu’elle ne porte pas spécifiquement sur les enfants sourds, cette thèse est intéressante à consulter car elle apporte des pistes précieuses, transposables, pour améliorer les apprentissages en lecture et favoriser la réussite scolaire. Orthophonistes, enseignants, éducateurs : cette lecture pourra éclairer vos pratiques et enrichir vos outils d’accompagnement. Voici les points qui nous semblent particulièrement intéressants à relever :
Contexte et objectifs
Devant les difficultés de lecture rencontrées par les élèves de 6ème, quel dispositif de remédiation mettre en place, comment mesurer son efficacité ?
Il est nécessaire de faire une évaluation des élèves en difficulté, d’identifier ceux qui relèveraient du handicap et cibler précisément ce qui entrave la compréhension pour proposer des aides adaptées.
Une partie théorique reprend les compétences nécessaires pour être un bon lecteur, à savoir :
- L’identification des mots grâce à une conscience phonologique et grâce à l’apprentissage du décodage ;
- La compréhension du langage oral.

Ces éléments vont permettre d’acquérir des compétences dans la compréhension du langage écrit.
A cela s’ajoute la capacité de mettre du sens grâce à l’analyse morpho-syntaxique.
La fluidité de lecture en contexte intervient aussi fortement.
Les inférences, les connaissances lexicales, la mémoire de travail permettent à l’élève de mieux comprendre un texte écrit, de se faire une représentation mentale cohérente.
On note qu’en 2016 déjà, l’UNESCO recommandait que l’apprentissage de la lecture s’étale de la fin de la grande section à la fin de la scolarité. Il serait peut-être intéressant d’améliorer la formation des enseignants du second degré afin qu’ils continuent l’apprentissage de la lecture au collège.
Une 2ème difficulté est soulignée : il est difficile pour certains élèves de passer de la phase d’apprendre à lire à celle de lire pour apprendre. Cette compétence n’est pas travaillée.
Identifier les difficultés
Les évaluations permettent de classer les élèves dans 4 catégories de lecteurs :
- Des lecteurs qui lisent et comprennent,
- Des lecteurs qui identifient mal les mots mais les comprennent (dyslexie),
- Des lecteurs qui identifient correctement les mots mais ne comprennent pas,
- Des lecteurs qui ont des difficultés dans les 2 domaines.
On constate une augmentation importante des élèves en difficulté, principalement due à une baisse des compétences langagières. Des problèmes d’interprétation de certains indices (déterminants, pronoms, connecteurs…) les gênent beaucoup. La motivation est aussi à prendre en compte et peut être un facteur pénalisant.
Faut-il interroger l’efficacité du système éducatif français, la formation des enseignants ?
Pratiques efficaces pour remédier à ces difficultés
Les recommandations sont les suivantes :
- Effectuer un enseignement explicite :
- Du vocabulaire dans toutes les disciplines, enseigner les mots nouveaux, demander à ce qu’ils soient mémorisés, les utiliser dans différents contextes ;
- Des stratégies pour inférer le sens du mot ;
- Des stratégies de compréhension (résumer les idées essentielles, utiliser des paraphrases, se poser des questions…).



2. Organiser des discussions approfondies sur le sens et l’interprétation des textes.
3. Accroitre la motivation et l’engagement des élèves (encouragements). On peut aussi vérifier régulièrement la compréhension, fournir un feed-back rapide, présenter les contenus de façon fractionnée, veiller à la participation active de tous les élèves, mettre en place une pédagogie de l’interaction et de la réflexion.
4. Organiser des interventions intensives et individualisées pour les lecteurs en difficulté réalisées par des enseignants formés.
Description du dispositif
- Construction d’un dispositif transférable en contexte scolaire, combinant évaluation initiale, formation des enseignants et ateliers de remédiation durant l’aide personnalisée.
- Mise en place d’ateliers adaptés aux difficultés suite à des évaluations du type RAI (réponse à l’intervention).
- Ateliers en lecture fluide : 12 séances de 55 minutes chacune.
- Ateliers sur les inférences : 24 séances de 55 minutes.
- Animés par des enseignants de toutes disciplines, formés à une pédagogie explicite de la lecture.
- Possibilité d’utiliser des logiciels comme TACIT Lire et apprendre.
- Des échelles de vocabulaire en images EVIP.
- Des épreuves du WISC 4 (définir des mots, raisonner).
- Des tests cognitifs (connaître la motivation).
- Des tests d’auto-efficacité en lecture comme indiqué dans les documents de la DEPP (direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance éducation nationale).
Résultats observés et conclusion
Peu de progrès significatifs ont été pointés : ni en compréhension, ni en fluence, ni en capacité d’inférence mais cela a généré un fort ressenti positif chez les enseignants et les chefs d’établissement.
Il a été difficile de mettre en place des ateliers de remédiation efficaces, notamment en raison des difficultés administratives et pédagogiques (organisation…).
Il est nécessaire de mieux caractériser les difficultés des élèves, le soutien mis en place n’a pas été suffisant. Il faut un accompagnement des enseignants plus important pour qu’ils s’approprient les outils, améliorer la formation des professeurs pour que leurs pratiques pédagogiques répondent davantage aux besoins des élèves.
Perspectives
Les dispositifs, même élaborés scientifiquement, nécessitent une évaluation rigoureuse avant leur diffusion. La réussite à grande échelle dépend en grande partie de la qualité de leur implémentation, notamment l’engagement et le soutien aux enseignants. Des recherches ultérieures doivent explorer à la fois l’efficacité du contenu pédagogique et les conditions de son déploiement.
Article rédigé par Antoinette BLANC-ZIDI, Professeur Ressources inter-degrés pour l’aide à la scolarisation des élèves sourds et malentendants sur Paris (ASH)